J’étais là à moitié ivre, à moitié vivant. Je puais l’alcool et le vomi sur mes habits. Une horreur. L’envie de passer à autre chose, de quitter cette souffrance se faisait de plus en plus grande.

Ce changement inéluctable, je ne le voyais pas malheureusement comme dans ces bouquins de développement personnel. Ces phrases « Change toi et ton univers changera » ça ne marchait pas avec moi. J’ai du me tromper dans la recette. Mais qu’est ce que j’avais fait à l’Univers pour en être arrivé là ?

Là, dans le quartier les riverains, je les entendais me traiter de Poivreau ! Je faisais semblant de ne pas entendre ou comprendre. S’ils savaient. Et oui, je suis tombé bien bas ! Même plus bas que terre ! Alors quoi bon. Vivement le trépas.

Je voulais y mettre fin. Ils m’ont sali. Mon honneur, ma fierté s’en étaient allés. Je sais toi aussi Morale que tu me diras de patienter, que dans les épreuves il y a sagesses et messages.

Mais je n’ai plus la force de combattre, de m’affronter honnêtement. Il est temps pour moi de tirer ma révérence là où tout a commencé. Là où je suis né en tant que professionnel et épanoui comme personne.

Et pourtant, comme j’aimais à le dire à ma famille et aux gosses du foyer : ici, c’était chez moi. Et bien ce chez moi n’est plus, il s’en est envolé. Et si mon toit s’en est allé, c’est qu’il est peut être temps que Moi aussi je m’en aille de l’autre côté.

J’ai saisi alors ma plume d’une main tremblotante comme pour laisser une autre trace de mon passage. Je n’avais pas de légitimité à m’adresser à d’autres. Alors, j’ai choisi dans mon délire de m’adresser à l’autre qui ne m’avait jamais quitté.

« Si tu lis cela Gamin, c’est que j’ai dû te quitter. C’est mon leg, mon héritage. Loin de tous heurts, sans leurre, l’heure est maintenant venue pour moi de te transmettre. J’aperçois la lumière au bout du tunnel. Je me suis dit qu’il serait intéressant de te parler avant d’être rangé aux oubliettes. T’écrire aujourd’hui est pour moi le dernier moyen de poser des mots sur des maux afin de les panser. Délicatement, j’ai pesé ses mots, ses conseils pour t’éviter d’être, dans un futur proche, appesanti par certains maux. J’aurai voulu aussi te dire Gamin que tu fais un beau métier et qu’un jour si Dieu veut, tu en seras fier.

Gamin, j’aurais voulu te conter une histoire qui finit bien. Celle d’un éduc qui a bossé et qui a été reconnu pour la somme des sacrifices qu’il a consentis. Mais cela n’existe pas à moins de.

Quand je suis venu dans ce milieu, j’étais habité, empli de convictions. Certains appellent cela la vocation. Tu verras Gamin que chacun a la sienne

Tu sais Gamin, j’aurai du te prévenir avant, te dire que cette quête d’épanouissement était une voie sans issue pour celui qui donne sans relâche. Ta voie, ta résilience Gamin sache, qu’elle passera par d’éprouvantes tâches. Elles ne feront pas de toi un lâche, bien au contraire. Mais elles t’useront et te consumeront sans que tu ne t’en aperçoivent. Alors Gamin, fais gaff, je m’en suis mordu les doigts. Dans ce milieu, des requins, des vautours, des sbires j’en ai côtoyés.

Tu mèneras des combats qui ne seront pas tiens. On dira de toi que tu es quelqu’un de franc et de respecté pour ton intégrité. Tu en seras flatté. Pauvre de Toi. Tu ne seras qu’un pion, leur pion, un leurre servant leurs intérêts.

C’est clair que je me suis fait souvent avoir. Ne te fais pas piéger comme je l’ai été. Dans ce milieu, la reconnaissance est un mythe qui ne sert que la hiérarchie et/ou ton égo éperdu en manque d’affection et de reconnaissance. Mais maintenant, contrairement à beaucoup, je peux partir en paix, la conscience tranquille.

Je t’écris faut que tu le saches. Je te dirai que je me suis épuisé à donner sans relâche. J’ai délaissé mes priorités. Ma vie personnelle, je l’ai mise entre parenthèses pour être soi disant à l’aise dans ma vie professionnelle. Je me suis oublié. Je m’y suis consacrée et j’ai l’ai rendu sacrée pour finalement devenir un sacré con.

Franchement, j’aurai voulu être dépourvu de morale, de conscience. J’aurai vécu si léger. Cela m’aurait évité de t’ écrire à 2h du matin et de m’effondrer à 8h sous l’effet de l’alcool. Je sais que ce leg est noir et pue le défaitisme, le pessimisme et la lâcheté. Il est à mon image Gamin.»

J’aurai voulu te dire Social que je t’aimais tellement, que pour rien au monde je ne te quitterai volontairement, que même la mort n’aurait d’emprise sur l’amour que je te portais. Et pourtant. »

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