L’ombre et la lumière
Pour moi, le travail social est différent selon la manière dont nous voulons « éclairer » les personnes, mettre en lumière leur potentiel, leurs capacités, la manière dont nous valorisons leurs avancées.
Cette vision me vient de mon grand-père. Je me souviens quand j’étais petite (vers la 6ème), il y avait un garçon dans ma classe qui ne faisait que des bêtises. Encore et encore. On rigolait bien mais franchement j’en avais marre, car toute la classe était punie à chaque fois. Je m’en suis plainte à mon grand-père et voici ce qu’il m’a dit :
“- Aurélie, regarde l’arbre devant toi, que vois-tu ?
– Je lui ai répondu : bah un arbre !
– Ce n’est pas ce que je t’ai demandé. Tu as regardé sans regarder.
Moi, je vois un grand arbre, avec de belles feuilles, il possède de jolies couleurs, et il nous joue de la musique à travers ses branches. Il nous fait de l’ombre quand il fait chaud. Il est vivant, tout comme nous. Chaque chose que tu regardes peut être différente en fonction de la lumière que tu lui accordes. Toi, tu as regardé l’ombre de cet arbre et tu n’as pas pris le temps de l’écouter et de le regarder correctement. Exactement comme tu le fais avec cet enfant.
Tu n’as pas cherché plus loin que ce qu’il vous laisse entrevoir.
Moi j’ai décidé de regarder du côté du soleil et de voir plus loin. C’est pourquoi je ne vois pas comme toi. Tu comprends ?
Peut-être que cet enfant ne fait que des bêtises car vous ne voyez en lui que ce côté. Alors qu’il aimerait juste pouvoir avoir des amis, mais ne sait pas comment s’y prendre. “
C’est à mon sens ce qui définit le mieux le travail d’une CESF. Savoir décoder les désirs, les besoins exprimés ou non par les personnes pour ensuite les aider à trouver leur propre solution. La CESF doit à mon sens mettre à disposition et transmettre toutes les connaissances dont elle dispose et laisser le choix aux personnes de décider ce qui est le mieux pour eux.
Le savoir-faire et le savoir-être
Une CESF est une experte de la vie quotidienne. Par-là, j’entends que nous savons, grâce à nos cours de BTS ESF (2 ans), faire de la gestion de budget, faire un aménagement d’espace, donner des informations nutritionnelles, conseiller sur le meilleur choix d’appareils électroménagers etc. Je trouve tous ces aspects théoriques très intéressants. Lors de mon premier stage de CESF, en SAVS, je me suis vu conseiller des personnes dans leur choix de chauffage en lien avec leur budget, leurs critères etc. Ce côté théorique m’est toujours très utile. Bien sur, tout dépend où vous décidez de travailler et des missions que l’on vous confie.
Après ces deux années théoriques, nous avons une année de social pure et dure ! Je ne rentrerai pas dans les détails mais on nous apprend à analyser, à réfléchir, à faire des liens entre ce que nous avons appris en BTS et en DE. On nous apprend à porter un regard différent sur les problématiques que les personnes peuvent rencontrer (mal-logement, le surendettement, le handicap, l’accès aux droits, l’accès aux soins, les violences conjugales, les difficultés scolaires, le harcèlement, les addictions… et j’en passe).
Pour moi être CESF ?
Une CESF est pour moi une « canne » que les personnes utilisent à un moment « T » afin de se « relever » d’une situation, prendre appui pour mieux repartir. C’est leur donner des conseils, des astuces, des outils et leur laisser le choix, leur montrer qu’ils ont des capacités et que nous les voyons. Leur faire comprendre qu’ils ont des qualités, des compétences mais avant tout leur rendre leur pouvoir d’agir.
Une CESF accompagne les personnes ayant des difficultés qu’importe la nature du problème et ce qu’elles que soient les origines, la couleur de peau, le sexe de la personne etc.
La CESF aide du mieux qu’elle peut, dans la limite des missions qui lui sont confiées. Sinon, il faut orienter les personnes vers des professionnels adaptés et compétents !
Qu’importe le poste occupé, chaque CESF est amenée à questionner les personnes sur leurs problématiques. Car si l’on souhaite accompagner au mieux les personnes, il est important d’avoir une approche globale de la situation et ainsi pouvoir adapter nos outils et nos réponses. Tout cela en ayant une approche bienveillante et respectueuse.
Si la personne ne souhaite pas répondre c’est peut-être parce qu’elle n’a pas encore conscience de la situation. Peut être qu’elle ne connaît pas les informations demandées ou qu’il n’y a pas encore de lien de confiance entre vous et la personne.
Partir à la recherche de sa propre définition
Pour finir, si je devais choisir ce qui me plaît le plus dans mon métier je dirais être dans un constant apprentissage, d’être dans le renouveau encore et encore. Découvrir de nouvelles choses grâce à mes recherches mais aussi grâce aux personnes que j’accompagne. C’est un échange de savoirs.
Le métier de CESF casse et reconstruit toutes nos représentations, nos idées reçues. Par son biais, nous redécouvrons certaines valeurs sous d’autres angles et significations. Et cela va bien souvent au-delà de ce que l’on pensait.
Je dirais que nous avons tous notre propre définition du travail social. Cette définition, influence la manière dont nous percevons nos accompagnements, notre métier.
Pour moi, le travail social permet aux personnes d’avoir un appui lorsqu’elles en ont le plus besoin. C’est les aider à travers un accompagnement dans la réalisation de leurs désirs, de leurs besoins en leur mettant à disposition tous les outils, les conseils et les informations possibles dont nous disposons.
Le travail social est comme un reflet, celui de notre vision des choses, des limites et des possibilités que nous nous donnons.
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