L’écrit représente un enjeu dans les rapports sociaux. L’écriture a été, dès ses origines, un attribut et un outil de renforcement du pouvoir. Le pouvoir est du côté de celui qui écrit : l’écrit consigne, établit sa vérité.
Pourquoi écrire ?
La demande est légitime. Qu’avez-vous fait concrètement de l’argent public ? En quoi cela a-t-il servi aux usagers que l’on vous a confiés ? C’est aussi une chance à saisir pour les travailleurs sociaux de faire valoir leur action, de la donner à lire. Il s’agit là aussi de mettre au jour une action complexe auprès des dits « usagers », qui la plupart du temps n’est pas visible. Il faut écrire pour conserver un minimum de sens et de cohérence dans les actes éducatifs. L’ idéal à atteindre étant de faire de l’écrit un instrument contribuant au lien social.
Celui-ci joue un rôle important dans le compte rendu et les suivis des prises en charge. L’écriture professionnelle est un acte rendant compte et caractérisant des faits, des analyses, des diagnostics sociaux, des propositions. Elle rend visible la pratique. Même si elle peut parfois faire le jeu d’une certaine forme d’instrumentalisation sociale et institutionnelle. L’écriture professionnelle quotidienne atteste de l’existence d’une personne que l’on cherche à aider, la situe au cœur de l’écrit.
L’écrit professionnel dans le social revêt de plus en plus d’importance. En effet, la judiciarisation massive, les réformes de l’action sociale et médico-sociale, les obligations institutionnelles entraînent une écriture contraignante. Tous les acteurs du social le disent : ils sont saturés de demandes d’écrits en tous genres, de la note d’incident au rapport de synthèse, en passant par le projet personnalisé etc.
Lâcher prise
Jack Goody a bien montré que c’est l’écriture qui favorise la pensée en la libérant de la linéarité de l’oral par le jeu de la combinatoire et des rapprochements qu’elle autorise.
Qu’on ait des idées, « que l’on se fasse des images » de ce que l’on veut dire (ce que la psychanalyse repère comme fantasme) ne conduit pas à l’écriture. C’est même un des plus grands obstacles à l’écriture, capable de tétaniser la meilleure volonté. On ne peut pas passer de ce que l’on a dans la tête aux signes de l’écriture. Il y va d’un saut dans le vide, où les idées en question subissent une véritable transformation, jusqu’à être parfois méconnaissables, pour aboutir à l’écriture.
Etre autorisé pour s’autoriser
L’écrit professionnel nécessite des compétences notamment en communication. Se pose la question de savoir si les conditions d’acquisition et développement entre autres de la compétence sont réunies et si le cadre professionnel permet aux professionnels de vouloir et de pouvoir assumer le risque de l’engagement dans l’écriture. Il n’est pas rare de voir certains cadres reprendre leurs agents sur la qualité de leurs écrits sans toutefois leur donner les moyens logistiques, humains et de formations de les réaliser de manière qualitative.
Olivier, éducateur en lieu de vie :
« Je me rends compte que, en définitive, le plan découle des idées, ce ne sont pas les
idées qui doivent entrer dans le plan. J’ai conscience d’avoir de la chance d’être porté par une association qui me laisse une certaine liberté dans mes rapports ».
Au travers d’échanges, de lectures de différents écrits, nous avons l’occasion de prendre conscience que même dans un cadre professionnel, il n’existe pas une unique façon d’écrire. Il est important de « s’autoriser » et « d’être autorisé » pour trouver son propre style, pour se sentir à l’aise et avoir du plaisir à écrire.
La trame
La pression lourde d’exigences d’écrits de plus en plus standardisés ne cessent de croître. Certains se sentent « étouffés » dans une écriture stéréotypée, administrative, sans originalité. On utilise la même trame, toujours les mêmes mots et l’on se sent vite limité, bridé pour répondre à la « norme-trame » de notre institution.
Toutefois, il ne faut pas diaboliser la trame. Ceux qui arrivent sur les structures ou dans le social réclament de l’aide. Ils souhaitent a minima bénéficier d’une trame avec les principaux points à aborder. Et d’autres souhaitent s’engager dans une réflexion sur la création de « modèles », afin de préciser les attendus et d’harmoniser la forme.
Elle est un filet de sécurité, une direction et une directive de notre employeur. Elle n’est pas l’écrit, elle le sert. La mise en forme, les changements de paragraphe, les intitulés … pour la compréhension du récit permettent aussi d’apporter de la cohérence, de la clarté et ainsi de structurer l’écrit. J’ai remarqué qu’en passant par la forme on en vient à parler du fond. N’est-ce pas l’objet de l’écrit ?
Enjeux et attentes
Françoise, éducatrice en milieu ouvert :
« Les signalements sont plus complexes pour moi, compte tenu des enjeux qu’ils soulèvent. La difficulté à prendre du recul pour entrer dans l’analyse et apporter des conclusions est à prendre en compte. Enfin, le choix des mots est subtil, car cela reflète le sens de la situation ».
Hassan, éducateur :
« Je suis amené régulièrement à effectuer un certain nombre d’évaluations. Cet exercice m’est difficile, car je suis comme envahi par les enjeux de ces écrits. Les signalements eux (enfance en danger…) sont complexes pour moi, compte tenu des enjeux qu’ils soulèvent ».
Romain, moniteur-éducateur en CADA :
« Je dois aussi parfois mesurer la portée de mon écrit, son importance, son timing, les conséquences qu’il risque d’engendrer et à qui il s’adresse ».
Il ne faut toutefois pas tomber dans l’excès qui serait de minimiser des actes ou d’embellir un bilan mitigé de prise en charge. Non, il s’agit là d’avoir en main et à l’esprit les conséquences éventuels de cet écrit pour éventuellement anticiper une réponse. Quelles sont les solutions envisageables au sortir de cette audience ? Nos écrits rendent compte de notre travail et de l’évolution de l’accompagné. Mais aussi, ils sont parfois une aide à la décision du magistrat Juge pour Enfants par exemple en proposant des alternatives.
Les destinataires
La méconnaissance des attentes des magistrats concernant les écrits ne nous facilite pas la tâche. Il apparaît que rares sont les services qui rencontrent les magistrats sur cette question des écrits.
Qu’entendez-vous par note d’incident ? A partir de quel moment devons-nous vous alerter ? Devons-nous regrouper les incidents, les fugues pour vous faire une note récapitulative ?
Tant de pratiques différentes selon les services, les éducateurs et les magistrats qu’il est difficile de s’y retrouver. Ainsi, ne pas connaître les attentes de ses interlocuteurs et l’interprétation de ses lecteurs, entrave considérablement le processus d’écriture.
Subjectivité, objectivité, neutralité
Comment rendre compte sans pour autant se laisser berner par ses propres émotions ? Nous avons tous en tête la nécessité d’être objectif dans notre travail. Mais n’est-ce pas oublier le fait que les paroles et les écrits passent par le filtre de nos singularités ? Ainsi, penser écrire en toute objectivité n’est-ce pas quelque peu paradoxal et utopique ?
Nathalie, éducatrice en MECS :
« Nous devions accueillir en urgence un adolescent qui avait eu recours à la violence sur l’un des professionnels de son lieu de placement. Quand nous avons reçu son rapport, nous avions remarqué que l’écrit était à charge. Au travers des termes, des expressions utilisés nous nous sommes rendus compte que celui-ci était dépeint en grande proportion qu’au travers de son passage à l’acte. Le reste où était-il passé ? Cet écrit était devenu une sorte de plaidoirie pour légitimer l’exclusion (sans apporter d’éléments positifs qui permettent de contrebalancer l’ensemble des éléments négatifs exposés jusque-là). Nous avons supposé que la situation fut si violente ou vécue comme telle que l’écrit était devenu le réceptacle de cette violence subie. Il s’ est transformé en une sorte de réponse de défense et/ou défiance de l’institution ».
En effet, nous sommes emplis d’influences, de sentiments, d’émotions etc. Tout comme dans la photo , l’angle, l’éclairage, l’appareil marquent l’empreinte de l’artiste. Le rapport de l’accompagné est forcément marqué par « la patte », le regard du travailleur social.
Olivier, éducateur en lieu de vie :
« Je pense que chaque mot induit un sentiment différent chez la personne et n’a pas le même écho ».
Justine, assistante social :
« En écrivant sur l’Autre, je crains de le trahir à travers mes mots. Il m’est difficile de lui faire part de mon analyse ».
Fuir sa propre subjectivité pour être neutre ?
Un certain nombre de professionnels utilisent le pronom personnel Nous par commande institutionnelle ou pour se mettre en retrait. « Cela donne l’impression d’être détaché de cet écrit ».
L’écrit doit expliquer la façon dont le suivi éducatif se déroule et montrer l’effet de celui-ci. L’objet de l’écrit professionnel n’est pas seulement le jeune ou sa famille, mais le travail lui-même. Il s’agit donc de pouvoir rendre compte, transcrire et transmettre ce qui s’est fait pendant la mesure, la prise en charge à la fois sur le plan factuel mais également décrire la relation qui a pu se constituer entre le travailleur social voire son unité, la famille et le jeune. Le professionnel n’est plus un observateur neutre qui détient le savoir et la vérité mais un acteur investi et engagé. Le moment de l’écriture vient mettre en exergue un travail où le transfert est interrogé.
Karine, éducatrice en IME :
« L’objet de l’écrit, c’est le travail avec le jeune. Expliquer ce que l’éducateur a fait ou pas, quel effet ça a eu et si ça n’a pas eu l’effet escompté pourquoi ».
Jean-Michel CLAVIER, Des mots pour écrire des maux ( De la pratique de l’écriture à l’écriture de la pratique en AEMO judiciaire) :
« Cette place d’écrivant oblige le travailleur social à s’engager dans sa pratique d’écriture, d’une part en posant les bases d’une conviction dans son acte d’écriture et d’autre part, en articulant une éthique professionnelle au plus juste de sa démarche d’écriture. L’engagement fait implicitement ou explicitement référence à un ensemble de valeurs, d’enjeux dans lesquels est prise la pratique d’écriture ».
Démarche d’objectivation
Le travailleur social, qui reconnait en lui cette part de subjectivité, sera plus alerte à la portée de son écrit. Aussi, l’importance et le poids des mots est à prendre en compte. Car chaque mot peut être interprété différemment puisqu’il n’a pas la même référence pour tout le monde: le choix des mots, leur ambivalence, leurs connotations, leurs approximations, les contresens etc. Il n’existe donc pas de « bon » mot pour écrire ou décrire.
Cyril, éducateur en prévention spécialisée :
« Il s’agit de distinguer la réalité objective des faits de la représentation subjective afin de rester dans l’analyse professionnelle de la situation » et « afin que l’écrit se rapproche au mieux de la réalité ».
Pour un certain nombre, il faut différencier la description, l’interprétation, l’analyse et l’avis. Le compte rendu renvoie à la notion de description. Le bilan lui à la description et à l’analyse. Et le rapport à la description, l’analyse et à l’avis.
Les paroles s’envolent, les écrits restent
Afin de produire un écrit le plus proche et fidèle de l’évolution de la personne suivie dans le temps imparti de la prise en charge, il est nécessaire entre autres de disposer sur nos services d’outils nous permettant de recueillir des informations. Cela peut nous éviter de produire un rapport qui ne serait que la photo d’un moment T de l’accompagné.
Faute de moyens ou de ressources certains vont entamer un travail fastidieux en relisant l’ensemble des cahiers, des notes etc… depuis le début du placement. Certains utilisent le carnet de bord qu’ils alimentent immédiatement après leurs entretiens. D’autres encore ont créé des fiches de suivi individuels, des grilles etc. Les ressources ne manquent pas tant que celles-ci sont mises à disposition des professionnels (et que l’on les investisse).
Nos écrits suivent la personne et sont censés garantir ainsi la continuité des parcours. L’idéal étant que l’ensemble de ceux-ci s’articulent pour former le film « fil rouge » de l’usager dans une plus grande temporalité. Ils permettent ainsi de mieux appréhender les problématiques et les enjeux de la prise en charge dans « l’histoire » de l’accompagné.
AS, ME, Educateur spécialisé, spécialisés en quoi ?
Bien que nos formations et/ou nos parcours soient empreints de sciences humaines, sociales et de droit, nous ne sommes pas pour la plupart des spécialistes de ces domaines. Il convient donc d’être vigilant quand aux situations qui nécessitent des éclairages relevant de la psychiatrie, de la psychologie etc.
Doit-on pour autant ne rien analyser car nous n’avons pas le master 2 en psychologie clinique, en droit pénal, en ethnologie, en sociologie de la famille ? Doit-on pour autant avoir la hantise d’utiliser des termes qui relèveraient exclusivement de la psychologie ou autres de peur d’être taxé d’imposteur ?
Prendre des précautions ne doit pas nous empêcher d’écrire et écrire ne doit pas nous empêcher de prendre des précautions
Avant d’écrire, nous avons besoin de « matière ». Analyser, réfléchir, peser nos mots. L’emploi du conditionnel doit permettre de marquer l’absence de certitude sur un comportement, un fonctionnement familial etc. Il permet aussi de nuancer.
Karim, éducateur en MECS :
« Pour s’efforcer d’être clair et de se perdre dans une tirade, je privilégie les phrases courtes avec une idée par phrase. Quand j’écris, j’utilise toujours un dictionnaire pour avoir le sens exact des mots que j’utilise. De plus, j’utilise un dictionnaire de synonymes pour éviter les répétitions tout en vérifiant le sens des synonymes ».
Au prisme de l’altérité
Les lois de 2002 et celle du 5 mars 2007 ont modifié les pratiques professionnelles, en
particulier la place accordée aux personnes dans leur prise en charge. De nombreux professionnels soulignent la nécessité de voir leurs écrits compréhensibles par tous : par l’usager, les parents, le magistrat, les autres services, etc.
La forme de l’écriture et le champ lexical s’adaptent pour veiller aux droits de l’usager, de pouvoir avoir connaissance des écrits le concernant. C’est ici la mesure prise de la responsabilité qui incombe aux professionnels de rendre leur travail accessible à leurs destinataires. Le destinataire de l’écrit peut être le Juge des Enfants, le responsable d’une structure mais aussi l’usager. Il est primordial de penser et de produire son écrit au prisme de l’altérité.
Sarah, ME en MECS :
« Je me dois d’avoir à l’esprit et de considérer quels pourraient être les ressentis et l’incompréhension des jeunes et parents qui prennent connaissance d’un écrit qui parle d’eux. Je ne travaille pas SEULE ou CONTRE, je travaille AVEC. Il faut penser à comment la personne va recevoir le texte et comment il peut être une ressource dans un temps futur ».
Lire l’écrit, une pratique institutionnelle ?
Justine, assistante social :
« Il m’arrive de lire mon rapport à l’adolescent et fréquemment il ne s’arrête pas sur le mot sur lequel on l’a orienté ou que l’on pensait ».
Pour certains, la lecture permet d’accroître la sérénité des travailleurs sociaux, d’éviter les conflits de valeurs et la crainte de trahir l’usager à travers leurs écrits.
Pour d’autres, la lecture c’est se mettre en danger, devoir se justifier et risquer de ne pas trouver les bons mots pour décrire leur observation, leur travail.
Karim, éducateur en MECS :
« En dehors des audiences, je ne lis pas l’écrit au jeune. Je fais une synthèse dans un cadre formel de ce que nous avons écrit en choisissant sciemment les éléments. Ceci peut être par crainte de rompre le lien et le travail entamé en lui dévoilant des éléments qui le déchireraient ou mettraient à mal son estime de soi. C’est un sas de sécurité entre le rendre compte à l’usager et ma prise en charge quotidienne en foyer ».
Pourtant, l’écrit est un objet de travail. Et la pratique de sa lecture à l’usager est une façon de faire qui a peut-être comme vocation de faire tiers, tout en posant les conditions pour un travail d’accompagnement vers l’autonomie : l’usager passant de sujet passif à acteur.
L’écriture
L’écriture des éducateurs est individuelle mais se réalise dans la circulation des écrits d’un collectif de travail : équipe éducative, institution sociale ou médico-sociale etc.
Temps de maturation
Il existe un temps de maturation entre l’élaboration et l’écriture finale. La relecture de son écrit fait partie du processus d’écriture. Certains attendent plusieurs jours à un moment où ils sont plus lucides pour replonger dans l’écrit.
Une chose étonnante : la même phrase, lue à des moments différents peut avoir des sens différents. Les choses nous parlent ou non à un moment donné.
S’appuyer sur son équipe
Jonathan, éducateur en milieu ouvert :
« Quand je souhaite utiliser un terme comme conflit de loyauté, je vais vérifier sur le net ses diverses significations en psychologie et si besoin m’appuyer sur la psychologue de mon service ».
« Ecrire, c’est aussi se faire comprendre des autres professionnels ».
L’écrit, quand il est le fruit de l’observation d’une équipe plurielle ou au moins d’un regard extérieur à la situation, permet de trianguler et de sortir de la relation duelle « Travailleur Social, référent isolé – Accompagné ». Le travail en équipe permet de réajuster son écrit et de ne pas se sentir seul.
Les professionnels recherchent dans leur service les conditions d‘un fonctionnement institutionnel plus collaboratif. La coécriture a pour conséquence la possession et le partage du pouvoir sur le sens de l’écrit (usager – professionnels et professionnels entre eux). Cette posture professionnelle de co-construction qui prend en compte l’altérité et les ressources de l’usager tend vers une participation plus citoyenne.
Il est important d’échanger avant, pendant et une fois l’écrit finalisé. Recueillir un certain nombre d’informations sur une situation permet d’avoir un plus grand nombre d’éclairages, de points de vue différents, de nuances. Ceux-ci permettent de débattre et de remettre en question certains de nos jugements qui seraient déjà arrêtés. Débattre avec l’équipe pluridisciplinaire et débattre avec l’accompagné.
S’appuyer, ce n’est pas s’effacer
Il faut garder un œil affuté, son propre regard critique et ne pas tomber dans le conformisme par crainte de penser différemment de ses collègues. Entre suivre l’avis de son équipe avec ouverture d’esprit (en écoutant les différents points de vue des différents professionnels) et faire preuve de complaisance, il n’y a qu’un pas.
S’appuyer sur son équipe est primordial. Nous avons des équipes pluridisciplinaires qui sont des richesses. L’écriture peut venir en soutien à une élaboration en équipe. Elle peut alors, si elle fait l’objet de débats à l’émergence de représentations partagées.
Karine éducatrice en IME :
« Les contradictions dont on ne faisait rien : le psychologue dit une chose, l’orthophoniste autre chose, etc. Pourtant : il faut en faire quelque chose. Ce que je crois avoir compris : avant, l’écrit était un aboutissement. J’ai fourni mon écrit, c’est fini, alors que là, ce n’est que le début ! »
Montée en compétences
L’amélioration de la qualité de nos écrits va de paire avec notre montée en compétences et la qualités des formations que nous suivons tout au long de notre parcours professionnel. La recherche, les lectures permettent d’avoir plus de bagages. Notre formation de travailleur social ne s’arrête pas le diplôme acquis. Cela serait bien triste. Bien au contraire, elle ne fait que commencer. Combien ai-je rencontré de professionnels avec un très bon niveau d’études qui s’arrêtaient de s’enrichir car repus de connaissances ? Et combien ai-je parfois été surpris de voir chez d’autres cette volonté grandissante d’apprendre, de se perfectionner sans rien attendre de quiconque. J’admire chez eux, je dois l’avouer ce côté autodidacte et cette volonté de toujours avancer. Pourtant, n’est-ce pas le rôle des structures et des cadres de faire monter en compétences leurs agents ?
Freins
Dans des laps de temps de plus en plus courts, nous devons produire un nombre d’écrits considérable. Or, beaucoup de professionnels réclament des temps dédiés exclusivement aux écrits. Des temps qui nécessitent de la concentration et du silence.
Sylvain, éducateur :
« L’essentiel de mes écrits a été réalisé durant des temps personnels. Je pense que des temps plus posés et organisés, dans le cadre de mes horaires de travail, seraient nécessaires, voire indispensables. Ces temps me permettraient d’appréhender mes écrits plus sereinement. Le caractère urgent imposé seraient moins pesant ».
Constat
Aujourd’hui, le constat prédomine d’une carence de temps dédié à l’écriture, alors même que l’encadrement s’accorde à attacher de l’importance à la qualité des écrits. Notons que les rapports, les notes, sont parfois quasiment les seuls supports de la relation avec les décideurs, les financeurs. Ainsi, un paradoxe apparaît, alors que l’écriture est une activité « vertébrale », elle est rarement intégrée au projet institutionnel, ni prise en compte dans l’organisation, mais laissée au libre arbitre du professionnel sommé d’écrire, beaucoup, et dans des temps contraints.
L’absence de formations en interne se fait aussi ressentir. Tout comme le sentiment d’être livré à soi-même pour les nouveaux arrivants dans certaines structures. De plus, l’expression des potentialités doit être recherchée par les cadres. Apprendre à connaître les points forts et les pistes à améliorer chez leurs professionnels est de la responsabilité de nos hiérarchies respectives.
Ce qui fait sens pour les professionnels, c’est la relation à l’usager. Malheureusement, l’écriture semble se faire au détriment du temps consacré à l’usager. Souvent d’ailleurs, les rapports et notes sont décrits comme des contraintes administratives. Il s’agit donc de réduire l’écart, en intégrant l’acte d’écrire à l’accompagnement si celui-ci devient l’une des dimensions de la relation et de l’action.
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