J’ai eu l’honneur d’échanger avec Francis Alföldi. Lors de nos échanges, j’ai été marqué par la simplicité de ce Monsieur qui a un parcours riche et diversifié. Je lui ai demandé s’il pouvait écrire un article où il partagerait ses pépites, ses conseils à destination de nos futurs collègues. Il en fut ravi.
Docteur en sciences de l’éducation. Sa thèse soutenue à l’Université de Toulouse 2 portait sur la compétence évaluative.
Il a travaillé sur le terrain, comme éducateur spécialisé pendant neuf ans dans un internat, et quinze ans en Aemo judiciaire.
Dheps (Diplôme des hautes études des pratiques sociales), sa formation de praticien-chercheur, à Paris 3 où il a ensuite enseigné et été directeur de recherche pendant 10 ans dans le cadre Master intitulé Depra : Développement des pratiques par la recherche-action, au sein duquel j'ai animé un séminaire sur l’évaluation productrice de sens.
Il a publié plusieurs ouvrages chez Dunod : L’évaluation en protection de l’enfance (1999, réédité en 2005, en 2010, puis en 2015) ; Vivre l'action éducative à domicile, plus connu sous le titre Mille et un jours d’un éducateur (2002) ; Savoir-évaluer en action sociale et médico-sociale (2006) ; un ouvrage collectif 18 cas pratiques d’évaluation en action sociale et médico-sociale (Dunod, 2008) ; L'analyse des pratiques en travail social (Dunod, 2017)
Les métiers de l’aide à la personne en difficultés, l’accompagnement sont des métiers de noblesse, de générosité et d’altruisme. Même si l’on sait bien que nous avons aussi nos petites failles, quelques sombres motivations errant dans les recoins plus ou moins enfouis de notre cerveau, vestiges plus ou moins douloureux de l’histoire familiale, sociale ou personnelle. Eh alors ! tout cela n’enlève rien à la beauté d’un choix de métier éminemment tourné vers l’autre.
H. me demandait de parler des pièges qui guettent notre parcours dans ces professions humainement exposées.
Eh oui, justement, l’humain, il s’agit bien de ce registre-là. Tu vas être amené, jeunes intervenant, à côtoyer au quotidien des personnes non seulement fragiles, mais néanmoins toxiques pour une part d’entre elles, des personnes qui peuvent s’avérer tout aussi destructrices que détruites. Va te falloir développer, ce que le psychanalyste René Kaes évoque d’un trait métaphorique : un bon système immunitaire psychique. Il a raison, protège-toi, protège-toi et protège tes proches. Il faut effectivement se méfier de l’exposition aux personnalités toxiques et l’on voit de quoi l’on parle en ces temps de pandémie virale, il en va ainsi de la psychopathologie des familles maltraitantes : elle est potentiellement contaminante. Alors fabrique-toi un bon masque et change-le souvent. Ce risque de notre métier est parfois pernicieux et l’on ne s’en rend pas toujours compte à quel point l’on s’expose. Alors reste sur tes gardes.
Nous avons tous, toi, moi, des points de vulnérabilité, et certaines familles en souffrance ont développé une sensibilité affutée pour les repérer.
Ne reste pas seul, trouve des alliés, tes collègues ton chef, des partenaires de travail avec lesquels tu as un bon feeling. Il faut absolument trianguler ! Créer un espace intermédiaire comme en parlait si remarquablement l’excellentissime Donald Winnicott. Etablir une membrane protectrice entre la famille pathologique et toi bien avant que tu ne deviennes une cible.
Une autre astuce consiste à déculpabiliser au maximum.
Si les choses tournent mal, dans une famille qui produit de la maltraitance, il est possible que tu n’aies pas su ou pu engager certaines choses. Mais à la base, ça ne vient pas de toi. Il ne faut pas se tromper de cible quand on impute l’origine de la maltraitance. Souvent, ça vient bel et bien de la famille qui a justifié ton intervention. Même si certains parents souffrant de perversité ont tôt fait d’accuser les professionnels(sans la moindre remise en cause). Ignore ! Tu constateras agréablement que l’attaque psychique glisse et manque sa cible.
En tous cas ne te décourage pas, et autorises toi aussi à trouver du plaisir à l’exercice de ces beaux métiers.
Je te souhaite de trouver plusieurs fois sur ton parcours, ce plaisir ineffable. Celui qui nous vient quand on a capté parfois simplement au travers d’un regard. Que l’on vient de toucher en l’autre qui souffre, une zone sensible et profonde. D’une manière telle qu’il ne souffrira plus autant dorénavant, durablement. Même si on ne sait pas en apporter matériellement la preuve, on sait qu’on y est pour quelque chose. Alors quel beau cadeau de la vie quelle belle aventure. Je te souhaite longue vie professionnelle et belle réussite dans les champs de la clinique du social.
Site : https://linktr.ee/alfoldievaluation
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