L’enseignement m’a toujours attirée. Je ne me voyais pas travailler dans un autre domaine.
J’ai suivi un cursus universitaire ordinaire avec licence d’anglais, master enseignement et concours d’enseignement. Titulaire, me voilà affectée, 1 mois avant la rentrée, dans une classe MECS à l’autre bout de mon département dans une ville paumée qui est baignée dans la misère sociale et économique.
Et là, la panique. MECS ? C’est quoi ? Aucune information sur internet.
Me voilà donc fraîchement arrivée dans un coin que je ne connais pas et dans une structure spécialisée totalement inconnue. Je découvre ce qu’est la MECS. C’est une Maison des Enfants à Caractère Social. Très bien mais encore ? Qu’est-ce que la professeur des écoles que je suis viens faire ici ? Étant donné que la MECS est une structure de l’Éducation Nationale, le poste est occupé par un(e) professeur des écoles.
La classe se trouve au sein du foyer où sont placés les jeunes. Je suis la seule classe MECS mais dans cette structure, se trouvent également des classes IME (Institut Médico Éducatif). Celui-ci accueille des enfants en situation de handicap ou présentant une déficience qui sont placés ou non. Il y a une véritable entraide entre collègues dans ces structures étant donné le public difficile auquel on a affaire.
Ce poste est très atypique. En effet, j’accueille des enfants et ados allant de la maternelle à la 3ème en petit groupe (allant de 1 à 10 élèves). Les profils des élèves varient. Cela peut être parce que les jeunes ont été exclus à cause de leur comportement ou parce que les classes ordinaires ne sont pas adaptées à eux. J’accueille donc les jeunes temporairement, le temps de leur trouver une autre école.
L’objectif étant de les réconcilier avec l’école et leur donner une base au niveau scolaire.
Sur le terrain, c’est assez sportif. Je dois jongler entre tous les niveaux ( cette année c’était maternelle, ce1, 5ème et 3ème) tout en mettant un cadre à ces jeunes qui n’en n’ont pas forcément. Ils ont tous des histoires compliquées et différentes les unes des autres. L’un, ce sera de la maltraitance, l’autre ce sera un abandon des parents, l’autre des tendances suicidaires.
Comment réussir à leur montrer l’intérêt de l’école alors que leur seule préoccupation est leur famille ?
En quoi les maths vont pouvoir résoudre leurs problèmes familiaux ? Comme dirait un de mes élèves « de toute façon, pas besoin de travailler, il y a les aides et les allocs ! ». Ces jeunes ont connu la misère sociale, le chômage de leurs parents. Certains ne connaissent que ce modèle de vie. Je dois leur faire comprendre que l’école va leur permettre d’avoir un travail et de sortir de la misère qu’ils ont connue. C’est donc un défi de tous les jours.
Je ne suis pas que l’enseignante dans cette classe. Je suis aussi la psy, celle qui écoute leurs problèmes personnels. Comment pourrait-il en être autrement ?
Comment pourrais-je faire cours alors que le jeune pleure parce qu’il n’a plus aucun contact avec ses parents depuis des années ? Je fais face à des jeunes qui sont brisés, qui parfois ne voient plus l’intérêt de vivre puisqu’ils n’ont plus rien à quoi se rattacher. Mais pour en arriver là, il a fallu créer tout un climat de confiance avec eux, leur montrer que leur bien-être compte et qu’on s’intéresse à eux. Cela peut prendre plusieurs mois avec certains. Au début, certains sont agressifs, insultent, refusent l’autorité. Il ne faut surtout rien lâcher et rester ferme !
Dans cette structure, on a la chance de travailler avec les éducateurs qui sont avec les jeunes au quotidien et qui les connaissent très bien.
Ils sont en quelque sorte leur figure paternelle ou maternelle et les éduquent comme ils peuvent tout en tissant un lien privilégié avec eux.
Il y a donc des jours où on rentre du travail exténués et en colère contre le système. On se sent impuissants face à la détresse de ces jeunes. Certains n’ont plus de contacts avec leurs parents, d’autres la situation n’évolue pas et sont oubliés par l’ASE malgré les relances.
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, vous devez toujours la comparer à un commentaire spécifique. Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 6.1.0.) in /home/soissociut/www/wp-includes/functions.php on line 5835C’est un beau parcours et un beau témoignage qui ne laisse pas indifférent.
Autant réaliste qu’encourageant 🙏🏽